Une bien belle journée en montagne
En ce magnifique 26 mai 2006, Quentin et moi avons réalisé la voie Fourastier à la Pointe du Vallon des Etages. Cette belle face nord a été parcourue en un peu moins de 10h sous un soleil radieux dans une ambiance 'goulotte', comme nous l'espérions.
La voie, tout comme le Vallon, est sauvage et authentique. Une ambiance grande course règne pendant l'ascension, la descente étant problématique et la fin de l'itinéraire concentrant une partie importante des difficultés. L'équipement en place étant quasi inexistant (3 pitons dans le bastion de départ, rien dans les cheminées de sortie), la voie reste très engagée tout de même. Nous avons planté au total 23 pitons. Le Vallon des Etages étant soumis à une restriction concernant l'équipement (Parc National oblige), aucun n'a été laissé en place :-). Les broches n'ont pas servi, les coinceurs un peu, les cablés peu.
La descente a été longue, très longue : de 16h30 à 03h.
Il serait logique de redescendre sur la Bérarde mais pour récupérer les affaires de bivouac, la descente par le col du Clos Chatel est impérative. A partir de là, la course prend une tout autre envergue car la descente du col versant Etages est une petite course en soi : pentes raides et nombreuses barres rocheuses sans rappels équipés, bien entendu. A ne pas prendre à la légère !
Notre horaire à rallonge s'explique par une impossibilité de descendre par le couloir repéré la veille sur l'arête Clos Chatel - Pointe du Vallon des Etages, ce qui nous a valu un énorme détour (arête trop escarpée et cornichée, et barres rocheuses à contourner) pour remonter au dessus du col du Clos Chatel (côté Clos Chatel). A partir de là, une désescalade ponctuée d'un rappel et un contournement de barre nous ont permis de prendre pieds dans un couloir sans histoire ramenant tout droit au bivouac.
L'eau et les vivres qui nous restaient nous ont permis de vivre cette aventure nocturne de manière raisonnée et avec calme.
Pour le reste, je vous laisse le soin de jeter un coup d'oeil aux photos qui suivent, en attendant la vidéo de Quentin (oui, on avait une caméra sur nous !).
Le matos que l'on a choisi d'emporter : à noter que les pitons ne furent pas de trop...
Montée en douceur mais sous le poids du sac et du soleil à la zone de bivouac.
Vue sur la face nord de la pointe du Vallon des Etages en fin de journée.
Première longueur en neige/glace plaquée.
Deuxième longueur en rocher, sans les gants, avec un pas de IVsup bien sympathique.
Troisième longueur : du IV raide sur un granite de rève bien protégeable.
Quatrième longueur avec une belle dalle raide à réglette et un petit dièdre fissure en bon V au milieu.
Vue sur la suite de l'itinéraire au premier tiers du couloir de neige.
On progresse rapidement vers les cheminées dont l'état de 'glaciation' reste la grande incertitude de la course !
A la sortie du crux, raide, difficile et engagé. A noter que l'épaisseur d'eau solide ne permet pas l'assurage sur broches, que la glace est en fait plutôt de la neige agglomérée, et que l'équipement en place est simplement inexistant (merci le marteau du piolet, réellement utile pour une fois). Que du bonheur !
Un peu de finesse (lichens) dans un monde de brutes épaisses (piton).
Rampe très raide en neige de sortie du Grand Dièdre.
Relais béton sur friends.
Petite goulotte de sortie à proximité du sommet.
Coucher de soleil : il est 21h, la traversée et la remontée au col du Clos Chatel a été épuisante. Nous ne savons pas encore que la descente prévue est impraticable (raideur trop prononcée) et qu'en conséquence, nous allons devoir marcher une bonne partie de la nuit pour revenir à nos chers duvets.
Coucher de soleil sur la face nord !
Il est 03h du matin, arrivée au bivouac enfin après une longue, très longue descente...
Descente pénible dans la joie et la bonne humeur, la voie en poche.
Quelques remerciements:
Merci à Fourastier pour nous avoir montré la voie il y a déjà bien longtemps.
Merci à David pour m'avoir initié à ce magnifique recoin perdu de l'Oisans.
Merci à Quentin d'avoir accepté de m'accompagner.
Pas merci aux nombreuses barres rocheuses ayant rendu la descente un tant soit peu longue :-)
La vidéo (merci à Quentin)!
Millepattes, ravi de cette journée mémorable !